Verdissement des flottes : la Métropole Européenne de Lille donne l’impulsion par l’exemplarité

Le rôle du secteur public dans le verdissement des flottes et de la mobilité est essentiel. La Métropole Européenne de Lille est engagée sur cette voie et compte bien accélérer sa transformation. Explications avec Philippe Manceau, Responsable Parc automobiles et engins de la Métropole Européenne de Lille

Philippe Manceau, Responsable Parc automobiles et engins de la Métropole Européenne de Lille.

Réunissant 95 communes, 2800 agents et un parc de 720 véhicules répartis sur une cinquantaine de sites, la Métropole Européenne de Lille (MEL) s’est engagée sur la voie de l’électromobilité depuis les années 90. « C’était un pari risqué car l’offre était embryonnaire et l’autonomie extrêmement limitée car, au bout de quelques mois d’utilisation, elle se dégradait rapidement et excédait rarement 80 km », indique Philippe Manceau qui se décrit lui-même comme un défenseur de l’électromobilité.

Métropole Européenne de Lille : une ambition guidée par la raison

A la tête de la flotte de la Métropole Européenne de Lille (MEL) depuis 2015, il y trouve une réponse à un enjeu auquel il est très sensible :

« Plus encore que sur les émissions de CO2, je suis très vigilant sur la question des émissions de NOx, moins connues, et véritablement encadrées par la loi depuis 2018 ».

Pour autant, le Responsable Parc automobiles et engins de la métropole lilloise n’est pas favorable à une flotte 100% électrique. « La mobilité électrique ne répond pas forcément à l’ensemble des besoins. L’offre, en termes de véhicules utilitaires, est encore très limitée et si la majorité des utilisateurs de notre parc n’effectue pas plus de 30 Km/jour en moyenne, d’autres parcourent de grandes distances et les moteurs thermiques sont encore pertinents ». 

Un souci d’exemplarité

« Il est important de garder toujours présent à l’esprit que les collectivités ont un rôle majeur à jouer dans la transformation de la mobilité et qu’elles doivent nécessairement montrer l’exemple », observe Philippe Manceau.

Une notion capitale qui doit également être prise en compte de la stratégie d’accompagnement au changement sur le terrain. La Métropole lilloise est directement concernée par cet élan avec une ZFE (Zone de Faibles Émissions) à venir sur son territoire, des pics de pollution fréquents donnant lieu à des circulations différenciées. Pourtant, sans un certain volontarisme, difficile de faire évoluer les mentalités… et de bouleverser les habitudes.

« Il existe des points bloquants à l’adoption du véhicule électrique, observe Philippe Manceau. Le premier d’entre eux, c’est cette fausse perception récurrente des distances parcourues quotidiennement qui nous amène à démontrer par les chiffres la réalité des déplacements ».

Transversalité : le moteur du projet

D’autres freins sont plus objectifs comme le coût d’acquisition des véhicules malgré les bonus écologiques, ou encore les difficultés inhérentes à l’installation des infrastructures de recharge. « Il n’est pas si simple de faire bouger les mentalités et de faire admettre qu’emplacement de recharge et place de stationnement sont deux notions différentes ». La solution ? Miser sur la transversalité du projet, selon Philippe Manceau.

« Le projet doit être porté par une forte volonté politique, puis il faut impliquer les directions générales, une fois encore dans un souci d’exemplarité, puis savoir faire acte de pédagogie pour porter le projet dans tous les services ».

Au sein du nouveau siège de la MEL, 19 bornes de recharges sont disponibles. Afin d’assurer un déploiement de l’électromobilité à grande échelle, l’objectif de 70 bornes a été fixé pour l’avenir. L’année 2021 marquera par ailleurs une accélération du renouvellement du parc en faveur de l’électrique. « Nous avons véritablement amorcé un virage culturel qui concerne celui qui choisit les véhicules, celui qui les achète, celui que les utilise, et celui qui les gère », conclut Philippe Manceau. Un bel exemple de transversalité.