Crise sanitaire : quel impact sur les flottes automobiles ?

Après deux mois d’arrêt imposé par la crise sanitaire, les véhicules des flotte automobiles réinvestissent peu à peu la route. A l’heure d’une reprise marquée par le développement du télétravail et une volonté sociétale d’accélérer la transition énergétique, comment penser sa gestion de flotte tant au niveau de la car policy que du fleet management ? Stéphane Montagnon et Philippe Ambon, associés du cabinet holson spécialisé en gestion des flottes, nous livrent leur analyse et leurs recommandations.

Un mois après la levée du confinement et la reprise progressive des activités, il est temps pour le secteur automobile de dresser un premier bilan de l’impact de la crise. « Malgré les conséquences économiques de la crise sanitaire, nous observons en premier lieu que la transition énergétique reste un cap, analyse Stéphane Montagnon, l’un des deux associés du cabinet holson. L’ensemble des entreprises et des collaborateurs paraît plus que jamais être aligné sur la nécessité de nouvelles pratiques, notamment en ce qui concerne le sujet de la mobilité. Le développement actuel du télétravail, la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) et les nouveaux dispositifs d’aides en faveur de solutions de mobilité alternatives et moins polluantes, devraient en effet faciliter leur mise en œuvre. C’est donc plus que jamais le moment, pour les gestionnaires de parc d’électrifier leur flotte automobile », poursuit Stéphane Montagnon. Cette remise en question de l’organisation des flottes passe également par une considération majeure : pour prendre en compte l’impact de la crise dans son ensemble, les entreprises doivent jouer à la fois sur le court et le long terme. Et pour cause. « Dans les mois qui viennent, le marché des flottes automobiles devrait connaître plusieurs hausses, dues notamment à la diminution des valeurs résiduelles ainsi qu’à l’augmentation de la fiscalité, des loyers ou encore des taux financiers : tous les indicateurs poussent les coûts à la hausse, constate Stéphane Montagnon. Dans ce contexte, il convient d’accepter des changements dont les bénéfices, en termes de coûts, se feront ressentir à plus long terme.

Agir sur le TCO au sortir de la crise sanitaire

« L’optimisation des coûts arrive comme un premier réflexe en temps de crise, poursuit pour sa part Philippe Ambon. Au lieu d’accentuer uniquement la pression sur les prix, il vaut mieux travailler sur plusieurs dimensions dont la négociation ou la qualité de service. C’est également l’opportunité de mettre en oeuvre un fleet management prenant en charge une dimension stratégique comme opérationnelle mais également les évolutions des mentalités et des façons de travailler, portées ou accentuées par la crise ». Dans le sillon de cette approche, holson a donc identifié trois grands axes sur lesquels il recommande de mener sa réflexion. 

1) Repenser sa car policy

Le confinement a brutalement bouleversé les méthodes de travail, reléguant souvent au garage les véhicules. Si le télétravail venait à se pérenniser, le véhicule statutaire pourrait ne plus être la solution de mobilité la mieux adaptée, tant sur le plan financier qu’environnemental. Il s’agira donc de favoriser des véhicules moins énergivores, parmi lesquels les véhicules électriques dont le TCO est aujourd’hui compétitif par rapport à celui d’un véhicule thermique

2) Négocier avec son loueur longue durée

Suite à la moindre activité pendant le confinement, certains loueurs proposent de reporter les mois non « roulés » voire de renégocier selon les kilomètres réels parcourus ; exercice auquel nombre de gestionnaires se prêtent actuellement. D’autre part, avec la chute du marché de l’occasion, les loueurs revoient fortement à la baisse les valeurs résiduelles des véhicules renouvelés faisant remonter de facto les loyers. Si le niveau de ces valeurs résiduelles baisse trop, il sera alors intéressant de revoir le mode de financement des véhicules.

3) Revoir son assurance

Les deux mois de confinement représentent mécaniquement une chute de 1/6 des sinistres. Or, 70% des primes d’assurance correspondent aux sinistres de l’année. C’est donc l’occasion pour les entreprises d’améliorer les conditions de leurs contrats ou de récupérer la prime selon le montage juridique prévu au début du contrat.