Plan de déplacement des entreprises : bien intégrer la micro-mobilité

La question du premier et du dernier kilomètre avait une fâcheuse tendance à rester dans l’angle mort pour le gestionnaire de mobilités. Mais le développement des solutions de micro-mobilité, oblige à reconsidérer leur intégration dans le Plan de mobilité des entreprises. Décryptage avec François Piot, Président de Arval Mobility Observatory.

La mobilité évolue, elle se transforme au gré des évolutions sociétales et culturelles. Dans une étude consacrée aux nouveaux enjeux de la mobilité professionnelle, publiée en septembre 2019 à l’initiative de Kapten Business, on apprenait que 83 % des employés considèrent que leurs déplacements ont un impact sur leur satisfaction globale au travail. Dès lors, comment ne pas s’interroger sur la problématique du premier et du dernier kilomètre, plus communément appelée : micro-mobilité ? Trottinettes, vélos pliables, skateboards ou overboards, électrifiés ou non, ces solutions de micro-mobilité et d’intermodalité se sont progressivement inscrites dans le quotidien des Français, et pas uniquement dans les grandes métropoles. Souvent décriés, critiqués et même régulièrement vandalisés en signe de réprobation de piétons ulcérés, comment inscrire ces moyens de locomotion dans le spectre du Plan de mobilité des Entreprises ? Pour François Piot, Président de Arval Mobility Observatory, « on ne peut pas dissocier la micro-mobilité de la mobilité au sens large du terme. Vouloir en faire un pan à part constitue en soi une erreur, car la mobilité est une notion globale ».

Le rôle de la Data est capital

« Pour un gestionnaire de parc ou un responsable des mobilités, la difficulté réside d’abord dans la très grande diversité des moyens de transport aujourd’hui disponibles », note François Piot. Et pour cet observateur attentif des mobilités professionnelles, « le plus grand défi n’est pas tant d’identifier les solutions de mobilité, que de pouvoir orienter les collaborateurs vers la solution adaptée au déplacement envisagé ». Car la vocation d’un plan de mobilité d’entreprise, au-delà de rationaliser les déplacements et de proposer les solutions les plus pertinentes sur le plan économique et écologique, c’est de faciliter le quotidien des équipes pour en renforcer l’efficacité et la productivité. « Ce qu’attendent les collaborateurs, ce n’est pas uniquement un catalogue des mobilités disponibles, mais un outil qui permette, en fonction du déplacement, de sa date, du créneau horaire, en un mot, d’une kyrielle de variables, de parcourir la distance dans le temps le plus court ». Dans ce contexte, la question ne peut donc pas se résumer à la volonté d’intégrer ou non la notion de micro-mobilité, mais de trouver un moyen « de consolider les données pour identifier rapidement quel mode de transport envisager, qu’il s’agisse d’un bus, d’un métro ou d’une trottinette », affirme François Piot qui plaide pour l’émergence d’un Waze amélioré qui serait capable de synthétiser l’ensemble des données pour proposer au collaborateur, en temps réel, la solution de mobilité appropriée.

Micro-mobilité : premier et dernier maillon de la chaîne…

La constat de François Piot est sans appel : « le gestionnaire de mobilités ne doit avoir aucun maillon faible dans la longue chaîne de la mobilité dont il a la charge ». Les solutions de Free-Floating (également appelées flotte libre car elles permettent la location de véhicules sans point d’attache fixe)  se développent considérablement car elles présentent un coût d’usage très faible, mais elles sont trop souvent mal utilisées, ce qui induit non seulement des expériences de mobilité dégradées, des retards ou pire, une sinistralité qui peut affecter le collaborateur. « Incivilités, dégradations, fiabilité technique parfois contestable, les solutions de micro-mobilité sont victimes des mauvais comportements de certains utilisateurs, et cela constitue un frein considérable à ces solutions de micro-mobilité qui pourraient en pâtir à long terme », conclut François Piot.