Stratégie de mobilité : vers un verdissement des parcs des entreprises

Réduire la part du diesel quand c’est possible, adopter des motorisations plus vertueuses, sensibiliser les collaborateurs… quelle stratégie de mobilité adopter ? Les défis que doivent relever les gestionnaires de flotte sont nombreux, mais le plus délicat est encore de remporter l’adhésion sincère de toute l’entreprise à l’effort.

Si l’on s’en réfère au baromètre de la mobilité d’Arval, 54 % des entreprises affirment prendre des mesures pour réduire les émissions de CO2 de leur parc de véhicules. Pour la grande majorité des entreprises ayant participé à l’enquête du loueur, le verdissement de la flotte passe d’abord et avant tout par une réduction de la part du diesel dans le mix énergétique. Ainsi, 48 % des entreprises françaises envisagent de réduire encore la part du diesel pour le remplacer par l’essence (pour 12 % des répondants) ou par des énergies alternatives (33 %).

Derrière cette radiographie générale (et prometteuse) se dissimulent souvent des réalités plus triviales. Les gestionnaires de flotte « peuvent être un peu démunis face à une direction qui vit les enjeux de mobilité sous un axe différent, car les enjeux environnementaux passent bien souvent, et c’est assez compréhensible, après les enjeux économiques », observe Laurent Hecquet, Directeur Général du MAP, l’observatoire des experts de la mobilité. Il est alors important de trouver les arguments pour convaincre.

Stratégie de mobilité, faciliter le changement culturel

Pour Laurent Hecquet, il est capital que « la démarche de l’entreprise soit sincère et, pour cela, elle doit nécessairement être d’abord portée par la direction générale ». Dès lors, il s’agit d’orienter le discours sur des considérations qui ancrent l’enjeu environnemental dans la réalité économique des entreprises. Parmi les réalités les plus criantes : les critères environnementaux toujours plus importants dans les appels d’offres. « Nombre d’organisations publiques ou privées appliquent des coefficients élevés dans l’attribution des marchés aux critères environnementaux », note Laurent Hecquet.

Un levier que le gestionnaire de flotte peut actionner pour inciter la direction à s’orienter vers de nouvelles motorisations moins émettrices de CO2 mais aussi dans l’adoption de nouveaux usages dans l’entreprise.

« Nombre d’organisations publiques ou privées appliquent des coefficients élevés dans l’attribution des marchés aux critères environnementaux »

Dédramatiser les nouveaux usages

« Avec le développement des motorisations électriques, nous sommes confrontés à un changement de paradigme dicté par une préoccupation constante : la charge. Mais il faut parvenir à convaincre les collaborateurs que les contraintes ne sont pas si fortes », affirme Laurent Hecquet.

« Alors que l’autonomie des véhicules électriques augmente rapidement et que les réseaux de bornes de recharge s’étoffent progressivement, il s’agit de dédramatiser en démontrant que l’usage des véhicules électriques est non seulement agréable mais également très ludique si l’on prend la peine d’adapter sa conduite et d’utiliser les Eco-ADAS et les fonctions d’optimisation de charge », précise Laurent Hecquet.

Devancer les obligations légales

Faut-il subir la législation ou au contraire en faire une arme au service de la compétitivité ? Pour Laurent Hecquet, « la loi LOM qui oblige au renouvellement des flottes pour des énergies plus vertueuses a été promulguée à la fin 2019, mais il est important que les dirigeants d’entreprise se saisissent de l’enjeu environnemental et passent à l’acte, non parce que la loi l’impose, mais parce qu’ils mesurent que l’heure a sonné ».