Mobilité zéro émission : développer le maillage de stations hydrogène

Les véhicules électriques à hydrogène sont l’une des réponses à l’enjeu de mobilité zéro émission des entreprises. Pour favoriser l’adoption de cette motorisation qui présente tous les avantages du thermique sans les inconvénients de l’électrique, la densification du réseau de stations est un enjeu prioritaire. Explications.

A ce jour, le secteur des transports dépend presque intégralement des énergies fossiles, et représente à lui seul, plus de 20 % des émissions de CO2. D’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), il faudrait que les émissions moyennes par kilomètre diminuent de plus de 70 %. Pour Pierre-Etienne Franc, directeur de l’activité mondiale hydrogène énergie d’Air Liquide, le constat est clair : « Pour réaliser le scénario 2°C entériné par les Accords de Paris en 2015, plus de 80 millions de véhicules zéro émission devront être sur les routes d’ici 2030. Le recours à un vecteur décarboné, flexible et transportable comme l’hydrogène, qui peut en plus être stocké en grande quantité et sur de longues périodes, s’avère indispensable ». Si les atouts des véhicules électriques à hydrogène sont nombreux et incontestables, il n’en reste pas moins qu’un frein demeure : celui du maillage des stations hydrogène.

Pierre-Étienne Franc

Mobilité zéro émission, mobiliser les énergies

Aujourd’hui, on dénombre environ 25 stations hydrogène en France. « Toutes ces stations ne sont pas en accès libre, précise Geoffroy Ville, Responsable Business Development d’Atawey, une startup française qui commercialise des stations de recharge hydrogène. Elles sont toujours associées à un projet qui fédère de grandes entreprises ou des collectivités locales, des constructeurs automobiles et des acteurs de la filière hydrogène ».

Geoffroy Ville

A ce stade, c’est donc l’action combinée des industriels et des pouvoirs publics qui permet l’implantation de stations hydrogène. A l’occasion de la COP21 de décembre 2015, Air Liquide avait ainsi inauguré la première station hydrogène au cœur de Paris, au pont de l’Alma, en partenariat avec la startup STEP (Société du Taxi Electrique Parisien dont Air Liquide est actionnaire minoritaire). « Air Liquide a ainsi soutenu le lancement de la flotte de taxis hydrogène Hype, la première au monde, qui totalise une centaine de véhicules hydrogène qui ont recours aux stations hydrogène installées par Air Liquide à l’aéroport Paris-Orly, aux Loges-en-Josas, près de Versailles et avant la fin de l’année à l’aéroport de Roissy », précise Pierre-Etienne Franc.  

Des consortiums pour mutualiser les efforts

Implanter une station hydrogène représente un coût non négligeable. « Il faut compter entre 1 et 2,5 millions d’euros en fonction des géographies et des contraintes inhérentes à chaque site, et en fonction de la capacité de la station », explique Pierre-Etienne France. L’une des pistes à explorer pour faciliter l’implantation de stations hydrogène : la mise en place de consortiums. « En Allemagne, avec H2 Mobility Deutschland dont Air Liquide est partenaire nous avons pu poursuivre le déploiement de l’infrastructure des stations hydrogène, commencé via le Clean Energy Partnership ». H2 Mobility s’est donné pour objectif d’étendre le réseau de stations à 400 implantations, avec le soutien du gouvernement allemand. « Nous sommes partie prenante d’une initiative similaire est aussi en opération au Japon avec Japan H2 Mobility, qui doit permettre de passer à 180 stations à l’horizon 2020, sachant qu’il y en a déjà 100 en opération », précise Pierre-Etienne Franc. Des entreprises qui se mobilisent et unissent leurs efforts, mais pas seulement. « Dans le cadre de notre activité, précise Geoffroy Ville, nous travaillons en étroite relation avec les collectivités qui jouent très souvent un rôle moteur dans ce type de projet. Valoriser les énergies renouvelables locales, favoriser l’attractivité d’un territoire, autant de sujets intrinsèquement liés aux volontés politiques ».