Hype : des taxis à hydrogène, une success story zéro émission

La motorisation hydrogène présente tous les avantages de l’électrique, sans en subir les désagréments. Pourtant, avant d’envisager une adoption plus massive au sein des flottes d’entreprises, puis vers le grand public, toute une filière doit être développée. Explications avec Mathieu Gardies, fondateur de la première compagnie de taxis à hydrogène : Hype.

Mathieu Gardies

En 2009, Mathieu Gardies a eu l’idée de créer Hype. Le concept ? Une flotte de taxis zéro émission. En 2015, ce projet devenait une réalité économique. Quatre ans plus tard, ce qui pouvait passer pour une utopie pour ses détracteurs a démontré non seulement la validité technique de la motorisation hydrogène, mais aussi la pertinence du modèle économique de l’entreprise. Hype revendique aujourd’hui une flotte d’une centaine de véhicules et envisage d’en compter 600 à l’horizon 2020.

Hype, un modèle économique qui fonctionne

Avec près de 3 millions de kilomètres cumulés, plus personne ne remet en cause la viabilité de Hype. « Notre flotte de taxis est la parfaite illustration que l’activité de taxi et de VTC peut parfaitement tirer profit de la motorisation hydrogène », affirme Mathieu Gardies. Plusieurs caractéristiques techniques expliquent ce constat. D’abord, l’autonomie de ces véhicules en mesure de parcourir près de 500 km avec une charge hydrogène. Ensuite, le silence qui règne à bord du véhicule et qui constitue un réel confort pour les clients, ou encore le temps de charge qui n’excède pas les trois minutes. Enfin, l’absence totale d’émission de CO2. « La pertinence économique et écologique de notre flotte ne fait plus débat aujourd’hui, mais il existe encore des freins à une adoption plus large de cette motorisation », observe Mathieu Gardies.

« Nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre l’horizon 2030 pour agir »

Encore des progrès à réaliser

« Notre activité très urbaine dans l’hypercentre parisien nous permet d’accéder sans problème aux quelques stations hydrogène disponibles, confie Mathieu Gardies, mais pour faciliter le développement d’initiatives telles que la nôtre et, in fine, démocratiser les motorisations hydrogène, le maillage de stations doit être considérablement densifié ». En effet, à ce jour l’offre est encore sporadique (même pour des professionnels) et cela empêche l’implantation de sociétés telles que Hype dans d’autres grandes villes de France. « Il est temps à mon sens que l’ensemble de la filière commence à se mettre en marche, continue le chef d’entreprise, du constructeur automobile, en passant par le producteur d’hydrogène et jusqu’au monde de l’entreprise. Il faut en fait tout miser sur l’intérêt commun de l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur ».  Et il est temps d’agir. Les récents pics de pollution qui ont affecté l’Europe au cours d’un hiver particulièrement clément, les tensions sur le cours du pétrole ou encore le contexte fiscal, tout plaide pour une réinvention de la notion de mobilité. « Une initiative comme Hype permet de démontrer qu’un véritable marché existe pour l’hydrogène et que même le grand public est intéressé », affirme Mathieu Gardies. Il faut donc poser les jalons d’une analyse plus globale et créer un cercle vertueux qui donne un certain rythme au développement de mobilités zéro émission. « Nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre l’horizon 2030 pour agir », conclut le chef d’entreprise qui est avant tout pragmatique et mesure « combien l’enjeu économique est un prérequis essentiel au développement de la filière hydrogène ».