Adopter la mobilité électrique en entreprise : la pédagogie toujours centrale

Peurs infondées, images d’Épinal, idées préconçues…, l’électrique inquiète parfois les collaborateurs. Patrick Martinoli, Directeur délégué Innovation Projet et expertise automobile Flotte pour Orange, revient sur les indispensables efforts de pédagogie à déployer pour accompagner la transition et adopter la mobilité électrique. 

Quels sont les principaux freins pour adopter la mobilité électrique pour les collaborateurs ?

Il faut reconnaître qu’il peut parfois être difficile de faire admettre à l’ensemble des collaborateurs que les véhicules électriques sont à même de répondre à leurs besoins de mobilité. Les idées préconçues, pour ne pas dire, les légendes urbaines ont la vie dure et il existe encore beaucoup de fantasmes. Les peurs liées à l’autonomie et au maillage des réseaux de bornes de recharge sont nos deux points d’attention prioritaires. Nous avons par conséquent déployé, en propre, un réseau de 1 000 bornes de recharge au sein de nos différents sites. En complément, nous avons noué un partenariat avec ZeWatt. Nos collaborateurs, avec leur carte mobilité Orange, peuvent ainsi accéder à près de 28 000 points de recharge en France.  

Avez-vous déployé des solutions de recharge au domicile des collaborateurs ? 

Les véhicules mis à la disposition de nos techniciens ne sont pas des véhicules attribués, même si le remisage à domicile est la pratique la plus courante dans notre organisation. Toutefois, nous avons fait le choix de ne pas déployer de bornes au domicile des collaborateurs car nous estimions, avec une flotte de près de 7 000 véhicules électrifiés à l’horizon 2025 (NDLR : sur une flotte globale de 14 500 véhicules), que cela présentait trop de difficultés organisationnelles. Quant aux bornes publiques, parfois payantes, elles s’avéraient contraignantes et peu sures (nos véhicules contenant du matériel) et souvent onéreuses. Notre principal levier demeure par conséquent le pilotage de la transformation par la pédagogie et l’accompagnement. 

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Quels moyens, méthodes, outils avez-vous mis en place pour accompagner la transformation des usages ? 

La transition vers la mobilité électrifiée n’est pas une option. Le mouvement est engagé. L’entrée en application plus ou moins générale des ZFE à l’horizon 2025 impacte déjà notre stratégie, puisque nous conservons nos véhicules 4 ans en moyenne. Accompagner la transformation est donc notre priorité. Mais il faut engager la réassurance de nos collaborateurs. Nous sommes convaincus qu’il n’existe aucune raison de cantonner les véhicules électriques au seul milieu urbain. Une gestion saine de l’autonomie et des recharges, l’adaptation des comportements routiers en limitant la vitesse à 80 km/h permet d’utiliser sereinement un véhicule électrique au quotidien. Il faut donc sensibiliser aux bonnes pratiques. Nous avons ainsi développé un module de e-learning, qui permet d’assurer la formation de nos utilisateurs. Par ailleurs, un cahier de « conseils utilisateurs » est présent dans chaque véhicule de la flotte avec un accent particulier sur le choix des bornes de recharge. Nous avons encore accentué le volume de véhicules en autopartage avec notre partenaire Mobility Tech Green qui permet pour les longs trajets ponctuels par exemple, de s’orienter vers un véhicule thermique. 

Quelles sont les conditions à réunir pour soutenir ces efforts de pédagogie ?

Un tel projet de transformation doit être porté par une véritable vision, une ambition de la direction. Nous avons fixé des objectifs, et nous mettons tout en œuvre chacun à notre niveau pour les atteindre. Au-delà de la vision managériale et de la formation délivrée en continue, il faut pouvoir remporter l’adhésion des utilisateurs. Nous avons ainsi développé un questionnaire que chaque responsable régional de flotte remplit avec les techniciens au moment du renouvellement d’un véhicule. Ce document qui comprend une vingtaine de questions simples, permet de définir si le technicien, par ses missions, ses usages, sa situation propre, est éligible à la mobilité électrique. Ce sont ses réponses, sa réalité, qui conditionnent l’attribution d’un véhicule électrique. Un bon moyen de démontrer que la transition est possible !