L’hydrogène : l’avenir de la mobilité urbaine ?

Mathieu Gardies est le fondateur de la STEP, qui a lancé la première flotte de taxis à hydrogène. Plus connue sous le nom de Hype, cette flotte s’étoffe progressivement avec un objectif clé : le Zéro émission.
Vous avez opté pour une motorisation à l’hydrogène pour votre flotte de taxis. Quelles sont les motivations profondes de votre démarche ?

Notre projet est né il à y a déjà sept ans. Nous souhaitions développer une flotte de taxis Zéro émission. A cette époque, la filière électrique à batterie était la plus mature, mais elle posait de nombreux problèmes notamment en termes d’autonomie. Lorsque les motorisations à hydrogène sont apparues, elles nous ont immédiatement convaincus car elles répondaient à nos problématiques environnementales.

En quoi ce type de motorisation vous semblait-il mieux adapté qu’une motorisation 100% électrique, ou hybride pour répondre aux enjeux économiques et environnementaux de votre secteur d’activité ?

Les motorisations électriques font des progrès, mais deux questions cruciales demeurent : l’autonomie et le temps de recharge. Pour un chauffeur de taxi, les deux à trois heures nécessaires à la charge des batteries, constituent une perte d’exploitation. Avec la motorisation hydrogène, l’autonomie est identique à celle d’un véhicule « classique », le plein peut être effectué en moins de trois minutes et ce, sans émettre de de CO² ! Par ailleurs, nos taxis à l’hydrogène sont parfaitement silencieux, les passagers ne ressentent aucune vibration… Et le confort compte autant pour les clients que pour les chauffeurs !

Progressivement, l’offre de motorisation à l’hydrogène s’étoffe et différents constructeurs se positionnent sur cette technologie. Pourquoi avoir choisi Hyundai ?

Il faut saluer le courage de Hyundai qui a été le premier constructeur à commercialiser un véhicule à motorisation hydrogène en France ! Effectivement, l’offre s’étoffe progressivement et nous nous en félicitons car c’est la preuve que l’hydrogène est une solution d’avenir. Nos véhicules Hyundai ix35 FCEV nous donnent aujourd’hui toute satisfaction par leur habitabilité d’abord, par leur coffre offrant un large volume, et enfin par le confort de conduite.

Quel bilan tirez-vous de votre utilisation de ces véhicules et quel est le ressenti de vos clients par rapport à cette démarche ?

Convaincre les clients n’est pas le plus difficile. Les passagers apprécient le silence, l’absence de surcoût tout en se déplaçant sans émettre de CO². L’enjeu portait plutôt sur le fait de remporter l’adhésion des chauffeurs. Nous redoutions leurs réticences éventuelles mais à ce jour, ils ne souhaiteraient pas revenir en arrière !

Vous vous étiez fixé pour objectif, un parc de 70 taxis à hydrogène pour la fin 2016. Cet objectif est-il atteint ?

Entre les véhicules qui sont commandés et ceux qui sont déjà en exploitation, nous atteignons en effet l’objectif de 70 taxis à l’hydrogène, tous de la marque Hyundai. Mais nous voyons déjà plus loin ! Désormais, nous regardons vers 2017 et espérons pouvoir revendiquer 200 taxis opérationnels !

Quels sont les leviers d’amélioration qui permettraient une adoption plus généralisée par les entreprises d’abord, puis par les particuliers ? Le manque de stations permettant de faire le plein constitue-t-il, selon vous le principal frein à l’adoption de véhicules Zéro émission ?

Le manque de stations n’est pas le problème, de même qu’il n’en est pas un pour les bornes de recharges électriques. Les stations essaimeront sur tout le territoire quand la demande de véhicules propres sera massive. Celle-ci ne le deviendra que lorsque les constructeurs seront en mesure de proposer de nombreux modèles et de fournir le marché. Ce n’est malheureusement pas encore le cas, même si la situation évolue maintenant rapidement…